Réflexions ...

Pas d'ennemis en vue. Comme toujours !
Orora marchait tranquilement. Elle était seule : chose qu'elle appréciait. Enfin ... seule était une façon de parler. La seule intrusion visible était celle des mouettes, volant en formation géométrique au-dessus de sa tête.
Pourquoi en formation géométrique ? Aucune idée. Un peu plus et elle se serait cru dans un programme de reconstition. Elle haussa les épaules. Puisqu'on parlait de programmes ...
elle aperçu une tache blanche nuancée de gris, au lointain. Instantanément, elle pria pour qu'il ne s'agisse pas de RAYSSA-25.
Le problème avec les robots, c'était que d'abord il était ennuyeux. Ensuite, ils n'éprouvaient rien. Et finalement, il posaient parfois des question en ayant la réponse sous les yeux.

Puis la reine d'Enrora pensa à elle-même. A partir du moment où elle avait une prothèse, on pouvait déjà dire qu'elle était une cyborg. Alors à quoi bon critiquer les robots, après tout !

Elle s'assit sur le sable fin pour observer les vagues. Leur bruit chassaient les pensées, et c'était ça qui faisait oublier tous ses problèmes à Orora.

Artémis s'éleva un peu plus haut dans le ciel, porté par ses ailes d'argent, quand ses lentilles agrandissantes lui permirent de voir Orora qui marchait tranquillement sur la plage
Merde, et j'ai pas ma cape!
Il vira de bord et piqua sur la petite maison où il avait rangé ses affaires, projetant une vague de sable en atterrissant
Ces grandes balades aériennes le ravissaient, mais il savait qu'il valait mieux garder son atout secret, et donc éviter de se balader trop souvent suspendu dans le ciel par ses ailes d'argent...
Il finit d'attacher la cape qui recouvrait son dos et sortit de la cabane pour se diriger tranquillement vers Orora qui contemplait la mer
Il s'assit à côté d'elle sans un bruit et plongea son regard d'ambre dans les cieux qu'il venait de quitter
Puis il se reconcentra sur la situation présente, laissant ses rêves aériens se dissiper
Tu n'as plus de problème avec ta prothèse? J'ai fini un nouveau modèle, il est beaucoup plus ressemblant et j'y ai ajouté plusieurs armes, tu n'aurais même plus à prendre ton foudroyeur.
Artémis pencha légèrement la tête de côté en traçant des petits dessins géométriques sur le sable de la plage, perdu dans ses pensées...

[pas d'inspi, désow ^^']

Orora orienta le regard vers Artémis, sans émotion particulière, si ce n'était une pointe d'agaçement. Fallait-il réellement toujours parler de prothèse ?
Enfin ! Elle comprenait. Après tout, c'était les création d'Artémis, il était normal que le sujet soit pratiquement le seul qui l'occupe. Et puis de quoi d'autre parler, de toute façon ?

"Non. Je n'ai plus de problème si ce n'est un léger blocage de temps à autre."

Effectivement, cela lui prenait parfois, tôt le matin. Mais elle n'avait jamais cherché à comprendre : tant que cela passait. Puis elle ajouta :

"Mais une prothèse à laquelle tu as ajouté des armes, ça ne me tente pas trop, honnêtement. Je la trouve déjà bien assez ressemblante ainsi et puis ... je préfère être considérée comme une humaine que comme une cyborg. Alors autant ne pas trop en faire. C'est à peine si mes gardes du corps veulent me lâcher, maintenant qu'ils savent. J'ai encore dû les semer."

Tout de même, elle précisa avec un léger sourire amusé :

"D'accord, ils sont payés pour ne pas me lâcher. Mais quand je leur demande de le faire, ils ne le font pas pour autant. C'est assez agaçant au bout du compte !"

Allez, et c'était repartit ! Une nouvelle fois, elle balaya l'air du dos de sa main. Si elle commençait à confier ses pensées à quelqu'un, ce n'était pas fini. Mieux valait qu'elle arrête.

Artémis sourit en entendant Orora se dévoiler ainsi mais fit mine de ne pas avoir vu le geste de la main. Il tendit son bras parfaitement normal devant lui et continua la discution
Tu n'es pas non plus obligée de leur dire, personnellement je suis assez fier de mes protèses, sans elles je serais encore paralysé alors être un cyborg comme tu dis, c'est plutôt flatteur de mon point de vue.
Il ferma le poing et pointa un doigt d'apparence normal vers le large
Un énorme rayon de feu en jaillit, provoquant une explosion de lumières et de couleurs qui se refléta à l'infini sur le bleu de la mer.
Ce qui fais de nous des humains, ce n'est pas le corps mais le cœur. Les robots savent parler, savent combattre, mais il ignorent la notion d'amitié, d'amour, il ne connaissent pas la douleur et ne savent pas voir la beauté de ce qui les entoure. Tu peux être greffé de partout, ne plus avoir un seul morceau de peau humaine mais tant que tu continue à éprouver des émotion, tu es humaine. Il n'y a pas de questions à se poser là dessus.
Il passa la main sous sa cape et sourit avant de continuer
Quand à tes gardes du corps, imagine un peu la panique dans laquelle il doivent se trouver! Tu ferais mieux de les affecter à une tâche utile, et ne les prendre avec toi que quand tu fais une visite officielle!
Comme d'habitude, Artémis avait dit ce qu'il pensait. Cétait comme ça en général avec les gens de son camp, il ne ménageait ni les compliments ni les réprimandation
Que l'on soit mendiant ou reine du monde, on n'a qu'une vie. Mieux vaut bien la vivre.

Ce qui fais de nous des humains, ce n'est pas le corps mais le cœur. Peut-être était-ce vrai, après tout. Quoique tant qu'elle pensait à tous ces pauvres bougres qui se faisaient massacrer pour elle, elle se demandait si elle avait encore un coeur.

"Tu as peut-être raison. Pour autant que je possède encore un coeur !"

Cette fois, ce fut avec un sourire franc qu'elle répondit :

"Affecter mes gardes à des tâches utiles, d'accord ... pour autant qu'il y en ait !"

C'était vrai que la scène était comique : imaginer ses gardes du corps totalement paniqués à l'idée de se faire virer pour avoir perdu de vue leur patronne. Etant donné le temps depuis lequel elle les avait quitté, il était même très probable qu'ils la croient déjà morte. Les pauvres ! Enfin débarassés de leur employeuse ! Quoiqu'il n'y aurait alors plus personne pour signer leurs fiches de paies ...

"Pratiquement la totalité des tâches à effectuer au palais sont inutile. Je suppose que ce n'est pas le cas ailleur."

Elle s'allongea et poursuivit :

"En fait, mon rôle est affreusement ennuyant. Et si je le garde, c'est uniquement pour avoir un jour le plaisir de voir Ororéa se faire trucider. Surtout depuis qu'elle a lancé sa version officieuse des faits, à tel point que tout le monde la croit officielle."

Artémis sourit
Tu as encore un cœur, la preuve, depuis tout à l'heure, c'est lui qui parle. Et le fait que tu te pose la question prouve que tu es humaine.
Il s'allongea nonchalamment sur le sable chaud de la plage et continua, toujours souriant
Et je suis sur que tes gardes seraient plus utiles si tu les affectait par exemple à la protection de la prochaine cible d'Athéna. Là tu auras la certitude que ça a été utile.
Mais quand Orora évoqua le manque de tâches utiles et l'ennui que lui apportait son rôle, là il perdit son sourire qui fut remplacé par une mine indignée
Bien sur que si il y a des tâches utiles! Tu crois peut être que je fabrique tous ces nouveaux modèles pour rien? On manque de stratèges, de soldats, de constructeurs, de mercenaires... Le moindre homme en plus peut faire la différence! Et ils croient en toi! S'ils sont avec toi, dans ton camp, c'est parce que tous croient que tu es plus digne du trône que ta sœur! En croyant en eux comme ils croient en toi, tu t'assure la victoire! Mais ta sœur n'a aucune chance si elle ne le comprend pas! Elle snob ses soldats du coup ils ne lui font plus confiance.
Le ton enflammé d'Artémis s'était calmé sur la fin de sa tirade, il secoua la tête et soupira avant de se remettre à sourire
Ta sœur n'a aucune chance, car ses soldats ne sont pas prêts à tout pour elle. Mais les tiens oui, Orora, même si tu fais mine d'être froide et distante, tu fais confiance à tes soldats. la preuve, tu discute avec moi tranquille depuis tout à l'heure alors que j'aurais pu te tuer sans peine.
Une idée sembla lui traverser la tête et il s'assombrit avant de reprendre son sourire comme si de rien était...

"Quand tu dis qu'ils sont prêts à tout ... détrompe-toi. J'ai mis un sacré bout de temps avant de trouver un homme prêt à tenir tête à Athéna."

Elle repensa à celui qui était partit sous prétexte d'avoir rendez-vous avec sa femme alors qu'il n'était pas marié. Il y avait aussi celui qui avait directement sauté par la fenêtre. Sans compter celui qui était allé se ranger dans le camps inverse.

"Le problème, c'est en fait qu'Ororéa recrute de trop bon combattants. J'ai du mal à suivre le rythme, je crois. Et puis elle leur fait miroiter de gras salaires."

Effectivement, Artémis aurait pu tuer la reine d'Enrora sur place. Ca, elle n'en doutait pas une seconde. A la pensée qu'un jour, la confiance qu'elle avait en ses hommes pourrait bien la mener à sa perte, elle soupira.
Oui. Elle accordait trop facilement sa confiance.
Elle se rassit et braqua le regard sur l'ingénieur, en interrogeant :

"Bien sûr que n'importe qui pourrait me tuer s'il choisissait le bon moment. Bien sûr que tu pourrais me tuer. Mais ... faut-il que j'ose simplement espérer que tu ne le feras pas ?"

Artémis sourit calmement avant de répondre

Non, je ne te tuerais pas... par contre je crois que je vais te révéler un petit secret que tu seras désormais la troisième personne vivante à savoir, je crois que tu as le droit d'être au courant...

Il se releva et épousseta les grains de sable qui parsemaient ses vêtements humides et continua d'une voix légère

Effectivement, Athéna est très forte, elle a toujours eut un don pour le combat mais plus qu'un quelconque talent, elle est redoutée car elle ne craint pas la mort et n'hésite pas à se lancer dans des missions suicide qu'elle réussit haut la main. Enfin... Il faut comprendre les adversaires, voir un adversaire chevronné qui n'hésite pas à se lancer sur toi, c'est déjà effrayant, ensuite si cet adversaire est une gamine avec un sourire dément sur les lèvres et avec la réputation qu'elle a... Les gens se rendent avant même qu'elle les touche, mais si elle était plus prudente beaucoup seraient capables de la vaincre.

Il acheva sa révélation par un petit sourire

Comment je sais autant de chose sur elle? C'est normal, c'est ma jumelle!

La stupéfaction se peignit un instant sur le visage d'Orora. Si elle s'y était attendu ! Elle n'allait rien dire, car de toute manière, beaucoup d'Enrorains avaient de la famille parmis les Enroréains, et vis-et-versa.
Elle-même avait bien malheureusement Ororéa. Ce n'était peut-être pas la même chose,
étant donné qu'elle était peut-être la seule à détester l'unique famille qui lui restait.
Mais que ce soit la même chose ou pas, quelle importance après tout ?
Orora se contenta donc simplement de hausser les épaules.

"Tant que ça n'influence pas sur ton travail, je n'aurait aucune objection à formuler. Et même si j'avais une objection à formuler, je ne pourrais rien y faire, pas vrai ?"

C'était plus une affirmation qu'un question. Un instant, elle s'imagina à la place de quelqu'un qui voyait un adversaire foncer sur lui, avec le sourire. Déjà rien que cela, ça pouvais paraître flippant. Alors si en plus l'adversaire en question avait dix-neuf ans et était quasi-totalement cinglé, effectivement ... c'était l'overdose.

"Je suis la troisième personne à le savoir ... et bien puisque j'ai cet honneur, tu va être la première personne à savoir ce qui s'est réellement passé : j'ai moi-même commandité l'empoisonnement de mon propre frère."

Voilà. Elle l'avait dit. Quant à dire pourquoi elle l'avait fait, c'était déjà une autre tasse de thé.

Artémis sourit, pas surpris le moins du monde

Oh, je sais, Athéna appréciait beaucoup Ori, elle le considérait comme son frère, et je crois que c'était réciproque. Quand il est mort elle a suivit la piste et quand elle a vu que c'était toi qui avait commandité sa mort, elle a renoncé à te tuer, elle pensait qu'Ori aurait préféré que tu vive. Mais elle est venue me voir et elle m'a tout raconté, elle voulait savoir si elle devait te tuer ou pas, je l'en ai dissuadée.

Il s'étira et fit quelques pas sur la plage, le soleil dardait ses rayons qui se reflétaient sur sa faux d'argent en un arc en ciel de couleurs

mais ce que je veux dire c'est qu'Athéna et moi sommes restés assez proches, elle ne me tuera jamais et moi non plus. Nous sommes jumeaux, ça laisse des traces. Mais à part ça, ni elle ni moi n'avons aucune pitié envers nos ennemis, tu devrais faire attention!

Il décrocha sa faux et sourit en caressant l'arme recourbée qui jetait des rayons de lumière

Je n'étais pas sensé te raconter tout ça à propos d'elle, elle préfère faire croire qu'elle vainc parce qu'elle est la meilleure, ça empire sa réputation et ça fait peur aux pires soldats. Je compte sur toi pour garder le secret, ceux qui le savent sont morts aujourd'hui...

"Ha bon ? Parce qu'en plus d'être mercenaire, elle se fait enquêtrice ?"

Ironisa la reine d'Enrora. Puis son regard alla de la faux à Artémis plusieurs fois de suite. Un peu méfiente, elle demanda :

"Est-ce que ce serait une menace ?"

Elle se releva, pestant mentalement contre sa propre inaptitude à tenir sa langue. Puis Orora affirma :

"De toute manière : pourquoi est-ce que j'irais le dire à quelqu'un, hein ? Et s'il y a une garantie à donner, ce serait : si je le dis à quelqu'un, qu'est-ce qui me prouve que tu ne diras pas ce que je t'ai confié à quelqu'un d'autre ? Tu remarquera donc que primo : je n'aurais aucune raison valable pour jouer la comère, et deuxio : je n'aurais rien à y gagner."

Elle laissa le silence planer un silence avant de laisser tomber, la voix brisée :

"Et puis la raison pour laquelle j'ai tué mon propre frère ne me rends pas fière ... même si je n'aurais rien pu y faire. Alors j'aurais doublement tout à y perdre."

La haine. La douleur. La honte. La tristesse. La trahison. Tout cela se reflétait dans les yeux d'Orora. Une seconde fois.

Artémis arborait comme toujours son sourire, mais il s'était fait plus profond, moins lumineux, plus secret
Le sourire de quelqu'un qui est perdu dans ses pensées

Non, ce n'est pas une menace mais un conseil, je connais bien Athéna, suffisamment pour dire qu'elle ne renoncera pas si elle veut te tuer. Tu devrais prendre garde à toi, t'exposer ainsi aurait été mortel si elle avait été à tes trousses...

Il laissa passer un long silence puis continua

J'ignore les raisons pour lesquelles tu as assassiné ton frère mais ça ne me regarde pas. Athéna ne pense pas pareil mais c'est, là aussi, ses affaires, je ne m'en mêlerais pas.

L'atmosphère était lourde, profonde, empreinte des marques du passé et des douleurs qui ressurgissaient...
Artémis comprit qu'il fallait vite changer de conversation, l'air était beaucoup trop lourd, il n'aimait pas ça...

Ça me fais penser à une chose, regarde.

Il tendit la main vers le sol, paume face au sol et appuya sa main sur le sable. Une lumière intense jaillit de sa paume, forçant Orora à fermer les yeux
Puis la lumière décrut, et Artémis saisit l'objet qui apparaissait désormais dans le sable
C'était une rose, une rose de verre ciselé dans les moindre détail, un éclat d'argent lui donnant même jusqu'à l'illusion de la vie
Il tendit la main et attrapa la rose de verre blanc aux reflets argentés caractéristique des création d'Artémis

La science ne sert pas qu'à tuer, elle peut aussi créer des miracles...

Il passa la main sur la rose et la tendit à Orora avant de se rasseoir tranquillement près d'elle

Si j'aime autant créer de nouvelles chose c'est bien pour ça, pour la beauté des créations et la fierté qu'on éprouve quand on voit qu'elles sont parfaites.

Orora en resta bouche bée un instant. Ce qu'Ori lui avait apprit, à elle, c'était simplement : "Sert-toi de la science comme d'une arme. On sait jamais, au cas où ..."
Résultat des courses : jamais elle n'aurais imaginé que ce soit possible de faire cela avec pour seule aide une arme.
Elle se saisit de la rose pour l'observer plus attentivement. Ca lui arrivait rarement, mais pour le moment, elle devait bien reconnaître être franchement impressionée.
Avec tout ce qu'elle avait déjà vu et vécu, elle avait encore la capacité d'être surprise ... l'exploit n'était pas mince !

"C'est ... c'est avec la science que tu fais ça ?"

Elle avait du mal à y croire, ça, c'était évident.

"Avec la science ... excuse-moi, mais ... on m'a dit que la science était une arme."

On m'a dit. Rien de tel pour paraître naïve. Enfin ... après tout, naïve, c'était en partie ce qu'elle était. Puis il lui apparu que de toute manière, elle avait eu tort de croire le "on" en question. Parce qu'Ori n'avait jamais été digne de confiance. Relevant le regard vers Artémis, elle prononça avec un sourire :

"Excuses-moi. Tu dois me trouver affreusement naïve ! Et si c'est le cas, tu n'as pas tort !"

C'est avec son éternel sourire sur les lèvre qu'Artémis lui répondit

La science c'est une manière de faire des miracles. Ces miracles peuvent s'adapter à la guerre comme à l'art, un sculpteur aurait mis plus d'un moins pour créer une rose bien moins belle que celle ci. La science a permit à cette rose d'exister, comme elle t'as permit de retrouver ton bras ou qu'elle permet d'anéantir ses ennemis. Elle n'est pas une arme, elle est un instrument, comme un couteau : on peut l'utiliser pour tuer comme pour couper une miche de pain, l'important c'est pas l'outil mais l'intention. Tu peux utiliser la science pour n'importe quoi...

Artémis était vraiment branché sur ce sujet, non seulement il était greffé de partout mais en prime, cette science qu'il adorait tant lui avait permit de toucher ses rêves et de les accomplir
Oui, la science était vraiment une faiseuse de miracles...
Dans son dos, ses ailes frémirent doucement avant de s'immobiliser quand il s'en aperçut. Il sourit de nouveau, serein avant de répondre à la dernière phrase d'Orora

C'est normal que tu ne le sache pas, on ne peut jamais tout savoir et surtout en temps de guerre. Les gens apprennent généralement ce qui concerne leur rôle mais rien d'autre, et ton rôle c'est de mener cette guerre à la victoire, pas de construire les armes.

La rose jeta un éclat d'argent puis se colora doucement : la tige se teinta d'argent alors que les pétales prenaient une couleur d'ambre lumineux sous le regard satisfait et tout aussi ambré d'Artémis

Mais si je te disais comment ça peut se faire scientifiquement, ça ferais disparaitre le miracle, c'est un paradoxe étrange...

Le regard d'Orora se posa sur le bras de cette dernière. Puis sur la rose. Et finalement, à nouveau sur Artémis.

"Mais quand je l'ai apprit, Ori était vivant. Ce n'était pas encore la guerre. Donc techniquement, soit on m'a dit ce que l'on préférait que je croie ..."

Une voix résonna dans sa tête, tandis que la scène se rejouait devant ses yeux. La reine d'Enrora avait le regard dans le vide.
Elle était à l'arrière de la voiture, venant de se rhabiller. Elle avait peur de ce frère qui n'en était plus un. Quand il lui posa la main sur l'épaule, elle tressaillit.
"Je ne voulais pas te faire de mal. Je suis désolé, Orora."
Elle se saisit de la main d'Ori, et, plus de désespoir que de rage, le mordit jusqu'au sang. Ce dernier poussa un hurlement de douleur, et jura :
"Salope !"
Et elle se ramassa une gifle. Pourtant elle ne riposta pas, se contentant de plaquer sa main contre son bras, pour tenter d'arrêter le saignement de la profonde coupure. Elle n'allait pas se plaindre à propos de la coupure en question. Après tout c'était elle qui était sortit par la fenêtre brisée. L'avait-elle mérité ? Elle commença à penser que oui.
Orora secoua vivement la tête, comme pour chasser ses pensées. Elle continua sa phrase :

"... Soit on me l'a dit par ce qu'on savait que j'avais confiance."

Nouvelle série d'image.
"Et si jamais elle décidait d'aller se plaindre ?"
Interrogea le garde à l'avant de la voiture. Mais Ori riposta :
"Et à qui ? Je suis à l'abri des poursuites judiciaires, et en plus ... tout le monde sait qu'elle me fait confiance."
*Faisait confiance, Ori.*
Répliqua mentalement Orora.
Elle cligna des yeux, chassant à nouveau ses pensées, et s'aperçut soudainement qu'elle avait parlé à voix haute.

Artémis s'aperçut de son trouble mais prit sa phrase comme volontaire et y répondit sérieusement

Soit on a tenté de te le faire croire pour que tu l'ignore en temps de paix et donc pour pouvoir te manipuler soit la personne qui te l'a dit y croyait vraiment, et dans ce cas elle était elle même manipulée par quelqu'un...

Il secoua la tête et s'étira nonchalamment avant de continuer d'un ton léger

De toute manière, le passé est le passé, il ne faut ni l'oublier ni le ressasser. Il peut servir d'expérience comme tout détruire dans l'esprit...

Il hésita un instant avant de décider de s'ouvrir un peu plus, chose qu'il n'avait pratiquement jamais fait auparavant

Quand Athéna est partie avec ses parents d'adoption, j'ai eut quelques problèmes, j'avais la maturité d'un adulte et l'héritage de mes parents, du coup beaucoup ont essayé de me tuer... Pourtant, ce n'est qu'un souvenir, je n'y accorde plus de sentiment même si à l'époque je me souviens d'avoir été plongé dans une véritable tempête... beaucoup voulait se venger de mes parents sur moi puisqu'Athéna avait disparu...

Il ne raconta pas la terreur qui l'avait envahi à chaque fois que des guerriers vaincus par ses parents attaquaient où s'infiltraient dans la maison dans le but de le tuer. Il ne raconta pas les nuits d'attente avec un pistolet dans les mains et les yeux écarquillés de terreur. Il ne le raconta pas mes ses yeux parlèrent

J'avais la maturité d'un adulte, je croyais aussi en avoir la force. Je éloigné Athéna pour la protéger avant de me rendre compte bien plus tard qu'elle s'était bien mieux débrouillée que moi pour tenir les attaquants à distance. Je n'ai pas eut d'enfance, je suis directement arrivé dans un monde où tous pouvaient être des ennemis. Pourtant je m'estime content, seul le présent compte, je suis vivant, je suis en forme, j'ai des amis, ma sœur est toujours en vie, j'ai un job qui me plait... Le passé ne compte pas, quelques soient les épreuves qu'on a subi.

Les propos d'Artémis auraient pu paraitre hors sujet mais il avait perçut l'éclat troublé dans les yeux d'Orora, l'éclat troublé de ceux qui revivent sans cesse le même cauchemar et qui n'ont pas réussi à se débarrasser du passé
Son pseudonyme servait à ça aussi, en reniant son nom, il se détachait du petit garçon terrifié qui attendait dans le noir qu'un nouvel adversaire se présente pour devoir une fois de plus se tâcher les mains de sang...

"C'était pour me manipuler. J'ai été manipulée."

Affirma-t-elle sans l'ombre d'un doute, le regard sombre.

"Ne pas rassasser le passé peut paraître facile s'il ne vient pas te retrouver toutes les nuits que tu le veuille ou non."

Au moins n'avait-on pas essayé de la tuer, quand elle était plus jeune. Elle se demandait si le fait de devoir être toujours sur ses garde était aussi traumatisant que ce qu'Ori lui avait fait subir. Et honnêtement, peut-être n'avait-elle pas envie de le savoir.

"Personnellement, j'ai eu une enfance jusqu'à mes quinze ans. Je sais que c'est dur quand on en est tiré brutalement. Je me suis aperçu que certaines personne que j'avais apprécié jusqu'ici n'étaient que des imbéciles. Sinon ... je suis vivante et je m'y accroche, je suis en forme ... physiquement mais pas moralement, j'ai de rares amis, ma soeur est bien malheureusement toujours en vie, et j'ai un job ennuyant."

Cela pouvait paraître inapproprié, mais pourtant ce rapide compte-rendu lui décrocha un rire. Jamais encore elle n'avait fait de compte rendu si pathétique ! Compte-rendu des finances, des pertes matérielles et organiques ... elle conaissait, mais alors compte-rendu d'elle-même !
Puis elle se décida. Il fallait bien qu'elle le dise un jour, de toute façon.

"En fait ... j'aurais jamais dû faire confiance à ce cré ... d'Ori. J' ai rien pu dire, rien pu faire. J'ai pas pu me plaindre non plus. Mmmm ... l'Homme doit toujours se débrouiller seul avec ses problèmes. Tu as remarqué ?"

Athéna me décrivait Ori comme quelqu'un de très sympa mais un peu trop accaparé par le pouvoir, je ne sais pas et ne veux pas savoir ce qu'il t'as fait subir mais si tu te remet à vivre le mauvais souvenir disparaitra, je te parle d'expérience...

Il lui sourit de nouveau et fit quelques pas sur la plage, les vagues venaient s'échouer près de ses pieds sans qu'il n'y prenne garde...

Après c'est comme je te disais, tu vis dans le passé donc tu ne peut pas te confier aux gens, ce qui fait qu'ils ne peuvent pas t'aider. Personnellement je me confie rarement pour éviter que les gens voient que j'ai des problème mais je sais que parler délivre le cœur, j'en ai fait l'expérience...

Les mots, toujours les mots...
Les mots qui lui servaient à embobiner ses ennemis comme à aider ses amis.
Les mots qui déclenchaient des guerre comme consolaient un enfant blessé
Les mots qui apaisaient les esprit comme les transformaient en flammes de haines
Les mots du cœur, ceux qui proviennent de l'âme
Ces mots là pouvaient tout faire...
Il avait dit que la science pouvait faire des miracles, mais uniquement des miracles physique...
La science ne pourra jamais consoler quelqu'un qui a perdu un être cher
Mais les mots si
C'était là une magie que peu pouvaient maitriser, ou plutôt une magie que personne ne maitrisait
Mais bon, si personne ne la maitrisait, elle pouvait se proposer à chaque instant
Il suffisait d'ouvrir son cœur
Athéna avait toujours été douée pour ça, il faut dire qu'elle ne parlait que comme ça, elle disait ce qu'elle pensait sans songer aux conséquences, ce qui avait pourtant le don de rasséner les gens
Athéna ne mentait pas
Artémis tournait vingts fois la phrase dans sa tête avant de la laisser sortir
Jumeaux mais totalement opposés...
Il soupira, elle aurait été bien plus utile que lui dans un cas pareil...

"Je vis déjà. Du moins j'essaye."

Répondit-elle finalement, après une mince hésitation.

[color=gray]"Je vis particulièrement si je peux trouver un bouc émissaire."

En l'occurrence, c'était ses gardes du corps. Elle les paniquaient à l'idée de la perdre, et quand ils revenaient au palais, penauds, elle les enguirlandais en leur reprochant leur manque de vigilance. Elle continua d'un ton sarcastique :

"L'inconvénient, c'est que beaucoup s'imaginent que je peux tout me permettre, alors forcément ... pourquoi aurais-je des problèmes ?"

Elle haussa les épaules, comme si cela lui importait peu. Mais en réalité ... l'entrevue passée avec Athéna avait à nouveau blessé Orora.

"Tu dis que tu en a fait l'expérience ... que parler délivre le coeur. Mais deux ans plus tard, je me sens toujours incapable de dire réellement ce qu'il s'est passé à quelqu'un. Alors pour en parler, imagines-tu le chmilblique ?"

S'il en avait fait l'expérience, c'est qu'il avait trouvé quelqu'un qui puisse l'écouter. Hors, Orora n'avait personne dans ce cas. Elle, elle savait écouter ... et tenter de réconforter au besoin. Mais la réciproque était très rare. Où plutôt inexistante.
Le seul qui avait su l'écouter, un inspecteur de police ... avait été retrouvé deux jours plus tard, égorgé dans un caniveau. Et en voyant le sourire mauvais de son frère, Orora avait tout de suite sut qui était à l'origine de la mort de l'inspecteur en question.

Artémis haussa doucement les épaules, le regard toujours fixé sur la mer qui se teintait de l'or du soleil couchant, et répondit par une question qui aurait pu paraitre totalement hors sujet

Dit moi, Orora, as-tu des amis ? J'entends par là des gens avec qui tu te sens en confiance, pas forcément que tu connais depuis longtemps mais en qui tu as confiance...

Il avait parfaitement compris que la jeune fille près de lui ne rêvait que de se confier mais ne croyait plus en personne
Artémis avait l'air d'un gars simple et sympa mais son intelligence ne s'appliquait pas qu'aux programmes, anti-virus ou autres bidules technologiques, il savait manipuler les gens ou leur arracher leurs secrets aussi facilement que d'autres soulèvent une feuille, sans plus de peine...
Mais ce talent était parfois aussi une malédiction, sa capacité de regrouper les indices comme les pièces d'un puzzle pouvait lui permettre sans le moindre problème de savoir avec précision la scène qui tourmentait Orora
Son inconscient le savait déjà, mais le conscient refusait de savoir, c'était à elle de se livrer si elle le désirait et non à lui de lui arracher son secret, elle n'était pas une ennemie...
Pourtant, elle semait des indices à tout va, et un observateur de longue durée n'aurait eut aucune peine à comprendre
La haine dont elle imprégnait le nom de son frère
L'éclat flambant où la colère et la honte se mêlaient quand elle avait évoqué sa brutale sortie de l'enfance
L'imperceptible raidissement quand il avait effleuré sa main pour lui donner la rose de cristal
Le voile de froideur dont elle s'entourait, la distance qu'elle gardait
Le fait qu'elle ait empoisonné son frère...
Artémis aurait pu sans peine lever le voile sur ce secret, mais sa conscience et l'amitié qu'il sentait naitre lui interdisait
Bien qu'il ait prétendu le contraire un peu plus tôt, il n'avait pas tant d'amis que ça, ou plutôt pas le moindre ami vivant...
En réalité, à part quelques militaires désireux de se faire fournir à bas prix des armes exceptionnelles, il n'y avait que les robots qu'il avait créé qui lui parlaient comme des amis...
Des robots et des lèches-bottes, quelle compagnie agréable!
Au fil du temps, il s'était renfermé, avait viré les robots et les soldats pour se consacrer exclusivement à son boulot
Et puis récemment, ça avait changé...
Orora était venu dans la Militaire, elle avait discuté un moment avec lui et il avait entrevu un rayon de soleil dans la nuit pleine de calculs de son boulot
Il l'avait ensuite revu à plusieurs reprise et finalement, il avait réussi à se raccrocher, à renouer avec la société pour se rendre compte que le monde n'était pas peuplé uniquement d'abrutis, de prétentieux ou corrompus
Quelques jeunots de la militaire, le voyant soudain plus sociables, avaient lié quelques liens avec lui, lui demandant parfois un tuyau pour tel ou tel problème mais il ne les considérait pas exactement comme des amis...
Non, en réalité, le lien qui le rendait sociable renfermait l'ombre et la lumière
L'ombre d'une sœur qu'il avait longtemps cru morte
La lumière d'un sourire d'Orora
Son regard erra un instant sur l'étendue bleuté qui reflétait désormais l'argent la lune montante, se perdit au creux des vagues pour s'échouer à l'horizon
La voix d'Orora le tira de sa rêverie

Orora détourna le regard, embarassée.

"Comment pourrais-je avoir confiance en qui que ce soit, si je sais que du jour au lendemain je peux être trahie ?"

La dernière fois qu'elle avait fait confiance -totalement confiance- à quelqu'un, ce quelqu'un avait été tué. Comme quoi il ne fallait jamais rien dire à un inspecteur de la Sia, même s'il semblait bien protégé et invulnérable au premier abord.

"Ou si je sais que le quelqu'un en question pourrait être tué ? Je ne suis pas idiote : je sais que je suis régulièrement surveillée, et que la seule chose que veux réellement Ororéa, ce n'est pas remporter Aaroseï mais préserver la bonne image d'Ori."

C'était la stricte vérité. La base de la guerre était surtout Ori. Et comme il fallait bien trouver un prétexte glorieux, la base c'était étendue à la "soif de pouvoir" inexistante. Levant à nouveau le regard, elle poursuivit :

"Je ne sais même plus si je peux faire confiance à quelqu'un, Artémis. Alors je suis obligée de partir du principe que je ne peux plus le faire. Ne serait-ce que pour éviter les ennuis à mes ... disons ... relations."

Oh oui ! Elle en aurait bien parlé à Artémis, si le but premier n'était pas de le protéger, lui. Le but second étant seulement de se protèger, elle-même. Elle commença, une colère mêlée d'amertume dans la voix :

"L'image ... il n'y a plus que ça qui compte dans ce monde de fous ! L'image qu'on donne de soi. Les gestes et les mots, on peut s'en ficher totalement ! Mais l'image, cette foutue image, elle, elle doit rester ! Volà la conception des choses qu'on a donné à la famille Klaykten !"

Elle s'humidifia les lèvres, mal à l'aise.

"La guerre vient uniquemment de moi. Parce que je ne veut pas respecter cette conception des choses. Ororéa n'a pas comprit que ce ... ce salaud n'a eu que ce qu'il méritait. Rien de plus. Si je ne le faisait pas de toute manière, une autre l'aurais fait. Oui. Oui, je l'ai tué. Je me disais que ça irait peut-être mieux ensuite.Quand je n'aurais plus à prendre ces fou... fichus médicaments pour me protéger de lui. Quand j'aurais plus à le craindre. Avant, je craignait d'entendre ma porte s'ouvrir avant de pouvoir m'endormir. Aujourd'hui, je crains seulement de dormir et de le voir."

A partir du moment où elle avait employé un mot insultant, c'était de toute évidence qu'elle était profondément en colère. Une colère dont la moitié au moins était dirigée contre elle-même.

Artémis sourit, amusé par ces aveux qui lui rappelaient clairement quelqu'un...

Cette conception des chose me rappelle quelqu'un... Une fille qui n'a jamais accepté les règles imposées, qui s'est débrouillée pour acquérir la pire réputation possible et pourtant qui fait rêver plus d'un piètre combattant...

Sa sœur avait effectivement fini par devenir quasiment une légende, ou plutôt l'incarnation de la liberté et de l'insolence.
Un journaliste people avait un temps essayé de la suivre mais elle avait très mal pris d'être comparée à un chanteur ou à un danseur et l'imprudent s'était vite retrouvé avec un ultimatum sanglant
Il avait sagement choisit la vie et lui avait remis toutes les notes qu'il avait rédigé sur elle
Mais après ça, non seulement elle avait incarné la liberté et l'insolence mais de plus, on la disait plus sauvage qu'une panthère quand on l'approchait
Fantasme de guerrier en mal de rêve
La vérité était bien plus banale et incompréhensible, mais les points communs entre elle et Orora étaient flagrants

Quand à la guerre, elle ne viens pas de toi. Ta sœur es considérée par plus de la moitié de la planète comme incapable de diriger. Les gens veulent décider par eux même et beaucoup ont vu en toi quelqu'un d'assez fort pour mener leur monde à la paix. Ils sont responsables de cette guerre, nous sommes tous responsables de nos choix.

Ignorant tout de la véritable dispute familiale, le peuple avait effectivement choisit son camp et était même prêt à se battre pour que celle qu'ils considéraient comme meilleure dirigeante, les gens se fichaient d'Ori, ils voulaient uniquement un dirigeant à leur goût.
Et n'est-ce pas dans les guerres que l'on voit qui réagit correctement?

Un instant, la reine d'Enrora se demanda si elle devait plutôt rire où pleurer.

"Quelqu'un d'assez fort pour mener le monde à la paix ? Mais alors autant dire que tout ce qu'il se font s'appelle des illusions. Je ne suis pas forte. Ni courageuse. Et encore moins invulnérable. Cela peut paraître très étrange, mais parfois je suis franchement tentée de lui faire le plaisir de me descendre moi-même."

Une lueur de doute fit son irruption sur le visage d'Orora. Elle s'apprêta à parler, mais renonça avant même d'avoir dit un mot. La sécurité d'Artémis d'abord. Elle ne voulait pas riquer qu'une dizaine de soldats débarquent chez lui pour essayer de l'éliminer. Parce qu'à ce moment-là, elle n'aurait non plus un meurtre, mais deux à se reprocher. Un inspecteur de la Sia était déjà bien suffisant sur la liste. Alors un ami en plus, bonjour les dégâts moraux.

"Artémis ... j'hésite. Je ne sais pas si je dois croire que je peux m'en sortir seule où pas. Et si ce n'est pas le cas je ne sais pas non plus à qui faire confiance, de qui me méfier. Je ne méfie pas de toi, mais pourtant ... pourtant je ne te dis rien simplement pour te protéger. Je ne sais pas comment protéger les autres et me protéger moi-même. Dilemne insoluble."

Elle secoua la tête d'un air désolé.

"Et toi ? Crois-tu plutôt avoir des relations, ou plutôt avoir des amis ?"

Orora ignorait exactement pourquoi, mais pensait connaître la réponse. Sans doute en partie parce qu'avec les armes terrifiantes qu'il était capable de créer, il pourrait facilement découper un volcan en deux.

Artémis sourit en entendant les paroles d'orora et répondit

Je n'ai pas tant d'amis que ça, et presque aucun qui soit encore en vie. Pourtant il y a des gens que j'apprécie, d'autres à qui je fais confiance... Je garde mes secrets pour moi mais il arrive parfois que je les dévoilent aux gens que je considère réellement comme des amis... Mais si quelqu'un d'autre essaye de les percer...

Il ne continua pas, mais l'idée était lancée : les rares cadavres qui avaient expiré sous sa lames étaient généralement des crétins qui avaient poussé le bouchon un peu trop loin...
En revanche, quelque chose le dérangeait...

Par contre, tu n'as absolument pas besoin de me protéger. J'ai l'habitude des attentats et des tentatives d'assassinat : vu que je suis celui qui a créé la quasi-totalité du système défensif et que j'améliore les armes de tes soldats, ma tête figure en tête de liste noir pour Ororéa, et avec les inconvénients que cela entraine...

Apparemment, Orora n'était pas très au courant des intrusions dans son palais...
Effectivement, les tentatives d'assassinats se succédaient régulièrement et toutes les semaines, il était obligé de renvoyer les corps inconscients et/ou empoisonnés et/ou électrifiés et/ou plongés dans le coma d'assassins présomptueux au camp adverse...
Ça commençait à lui coûter cher en frais de transport...
Mais bon, il avait aisément réussi à craquer les mots de passe du compte en banque d'Ororéa et faisait transiter les abrutis assommés à ses frais sans la moindre gêne
Un sourire amusé vit éclairé son visage alors que cette pensée l'effleurait mais il secoua la tête sans pour autant chasser son amusement Il se releva et épousseta le sable sur son pantalon avant de fixer celle qu'il considérait déjà comme son amie et de reprendre d'une voix plus douce

Mais si tu ne veux pas que quelqu'un sache ce qu'Ori t'as fait, cesse de semer des indices à chaque fois que tu parle de lui... Je ne chercherais pas à t'arracher ton secret mais d'autres n'hésiteraient pas...

"Tu me suggère de ne plus parler ?"

Interrogea Orora avec une certaine ironie. C'était vrai que ça aurait été carrément le moyen le plus sûr. Mais carrément le moyen le plus irréalisable. En première place sur la liste d'ennemis d'Ororéa, Artémis ? C'était bien possible. A bien y réfléchir, c'était même certain. Ce qui était tout à fait certain en revanche, c'était que c'était bel et bien le concepteur de pratiquement tous les systèmes de sécurité.

"Vous êtes sûre qu'on peut faire confiance à ce gars-là ? Il ne me dit rien qui vaille, Klaykten."
Orora soupira. Son bras droit revenait toujours à la charge, profitant de la moindre défaillance.
"Combien possédons-nous de concepteurs extrêmement qualifiés, dans tout Enrora ?
-Trois.
-Le premier est mort hier. Le deuxième est dans le coma. Vous pensez réellement que nous avons le choix Lewis ?
-Non mais on le connait à peine. Personne sait d'où il vient, cet excentrique. Si Gremionis ...
-Gremionis a été tué dans un attentat à la bombe hier. Plus personne ne sait administrer le système de sécurité. Il faut tout changer. Qu'est-ce qui vous gêne, Grejorio ? Que j'aie pris la décision par moi-même ? Elle était facile à prendre !"
Pas de réponse pendant un temps, puis :
"Mais si jamais il lui venait à l'idée de tout bloquer ...
-Taisez-vous, j'en ait terminé pour cette discussion."
Le ton sec, froid et définitif qu'elle avait employé valait toute la persuasion du monde.

Jusqu'ici, elle n'avait pas eu à regretter ce choix. Elle espérait d'ailleurs qu'elle n'aurait jamais à le faire. Lewis ... un bel imbécile, celui-là. Mais elle n'avait pas pu s'en débarasser. A la mort d'Ori, il avait insisté pour partir à la suite d'Orora plutôt qu'à la suite d'Ororéa. Pourquoi ? La reine d'Enrora avait son idée.

"Tu sais ... Ororéa n'est pas la seule à se méfier de toi. Il y a aussi Lewis. Je me suis toujours demandé de quel coté il était réellement. Qu'est-ce que tu en penses ? J'ai l'impression que les Klaykten sont pas les seuls à pouvoir se construire une double-face s'il le veulent."