Trop de militaires !

Le bruit de l'eau. Quelques gouttes rougeâtre. Un forme blanche agenouillée juste devant le ruisseau.

Loona se rinçait le visage. Même si elle tuait sous apparence de louve, ses ongles et ses lèvres n'en restaient pas moins tachés de sang. Et à défaut d'apprécier la viande saignante sous sa forme humaine, elle mangeait sous sa forme animale ... ce qui garantissait souvent quelques barbouillages.
Elle se saisit d'un tissu qui, a en croire la couleur et les motifs, devait venir d'un uniforme militaire, pour essuyer son visage et ses mains trempée.

*Ca, c'est fait.*

Songea Loona en se relevant.
Le militaire à qui avait appartenu l'uniforme avait fait l'erreur de vouloir la rattraper, pour finir par exécuter une chasse au loup. Et il avait été surprit par derrière, puis égorgé sans état d'âme.
Elle ramassa le tissu et hésita un instant. Devait-elle le laisser ici, où le récupérer ?
Si elle le laissait ici, ça ferait quelque chose en moins à trimballer. Elle avait déjà son sac. Et puis il était trempé.
Mais si elle le prenait, elle pourrait toujours s’en resservir.
Le choix était vite fait, et Loona le remit dans son sac. Elle chercher à trouver un nouveau lieu de résidence. Les patrouille militaires étaient trop fréquentes là où elle s’était installée précédemment, et la disparition de tous ces soldats et gradés risquait de paraître bizarre, à la longue.
La femme-louve fit un dernier récapitulatif de ce qu’elle avait emmené : ce n’était pas grand chose, une grenade hallucinogène et un gaz anti-agression, mais c’était mieux que rien. Elle avait également une pierre ponce et un savon volé à des campeurs peu méfiants.
Et puis elle n’avait pas besoin d’autre chose non plus.
Un bruit derrière elle l’alerta et elle se retourna en ramassant son sac. Sa main se referma sur la grenade hallucinogène.
Ses yeux s’étaient dilatés, signe incontestable d’une transformation imminente. Mais pas tout de suite. Loona allait attendre de savoir ce que voulait ce visiteur. Si c’était la discussion où l’indifférence, tout se passerait.
Dans le cas contraire, il fallait prévoir un combat assez sanglant, pour l’un autant que pour l’autre.

Fenris observait Loona, hésitant entre le combat que son contrat avec Orora prévoyait et de la compassion. Après tout, cette fille avait les mêmes ennuis que ceux qu'il avait du affronter les premières années dans son corps transformé...
Il avait observé la manière dont elle s'était débarrassée des gardes. Manière simple et efficace.
Mais maintenant, il ne comprenait plus sa manière d'agir. Quand il avait été transformé, il avait filé dans le seul lieu où personne ne venait jamais, donc la montagne, et n'avait pas approché un humain qui ne soit pas un militaire-futur-cadavre. Alors que la fille tentait de continuer à vivre comme une humaine normale...
Il fit exprès craquer une branche. Les réactions de surprise les plus courantes étant principalement des cris et l'attaque, il préférait prévenir de sa présence.
Puis il sortit de derrière le rocher et observa Loona plus attentivement. Elle était sans aucun doute une hybride, même si elle avait la chance de pouvoir se retransformer...
Il se redressa sur ses pattes arrières et s'assit, exactement à la façon d'un loup...

J'ai souvent relevé tes traces mais c'est bien la première fois que je te voit... Toi aussi tu es une hybride?

Ton amical même si un peu grave, oreilles droites et griffes rentrées. Fenris n'avait pas l'intention d'attaquer pour l'instant, on aurait même pu le qualifier d'amical.

Dans tous les cas je te déconseille d'aller au nord. J'ignore si c'est pour toi qu'ils ont fait ça mais il y a une grande battue. Ils ont essayé de me prendre en chasse mais ils n'étaient pas armés comme pour abattre un gibier. Ils cherchent à capturer un humain.

Pas besoin de préciser qui, à part lui, la seule qui soit humaine était juste en face...

[désow, j'ai 0 inspi ces temps ci...]

Ca allait. Ce visiteur-ci ne semblait pas chercher la castagne. Toutefois les pupilles de Loona restèrent dans leur état actuels. Du genre timide et discrète, mais méfiante, la Loo.
D'accord, elle n'avait pas peur d'approcher les inconnus. Surtout que malgré ce physique assez pour le moins étrange, Loona trouva quelque chose d'attirant à l'inconnu en question. Un fait qui se lu dans son regard un court instant, avant de disparaître quand elle secoua vigoureusement la tête.
Remède qui lui servait à chasser ses pensées : Elle hésitait toujours à porter un jugement sur les gens, qu'ils soient hommes, animaux où les deux. Et si par inattention cela lui arrivait, elle secouait vigoureusement la tête pour chasser ses pensées qu'elles considéraient farfelues. Il ne fallait pas confondre préjugé et jugement.

Il avait souvent relevé ses traces ? Loona ne s'en étonna pas. Il lui arrivait souvent de parcourir la montagne entière pour différents motifs. Finalement, si elle tombait sur un "imprévu", elle le supprimait avec assez d'indifférence. Rarement, il lui arrivait de manger ses victimes.
Parfois, aussi elle les laissait là. Où alors elle les enterraient, posant toujours un bouquet de fleurs des champs en guise de signature. A quoi remontait cette histoire de fleurs des champs ? Seule Loona le savait. Et elle n'était pas vraiment pressée d'en parler.
Quand elle parla, sa propre voix la surprit. Douce et calme. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas ouvert la bouche, à tel point qu'elle en avait oublié à quoi pouvait exactement ressembler son ton de parole.

Bonjour. Je suis peut-être une hybride, effectivement. Mais j'ai jamais bien réussi à le dire moi-même.

C'était vrai. Un Organisme Génétiquement Modifié, peut-être. Un hybride, elle était incapable de le dire réellement.
Ne pas aller vers le nord ? Et bien on faisait bien de la prévenir, parce que c'était justement là-bas qu'elle allait aller !
Une battue ? Alors ils avaient changé de technique ?
Jusqu'ici, elle avait eu droit aux pièges à loups - dont elle avait parfois gardé de très mauvais souvenirs. Où à la chasse. Parfois aussi à la nourriture empoisonnée. Mais elle ne ramassait jamais les carcasses d'animaux, au grand dam de ceux qui la recherchaient.

Je vous remercie du conseil. J'avais eu droit à pas mal de choses récemment, mais alors à une battue ... ça fait un bon bout de temps. Alors ils se sont décidé à changer de technique ? Ils veulent me ramener en ville et me fusiller comme déserteur ?

Loona leva les yeux au ciel.

Donc ils font toujours aussi compliqué.

La femme-louve fixa sur le sol un regard indéchiffrable, poursuivant son monologue :

Pas fichu d'assumer leur bourdes. Foutu ANIMALPROJECT. Foutus savants. Foutus militaires. Foutue guerre. Et foutu pays.

Et Loo pesait ses mots. Elle avait les larmes aux yeux. Loona en avait assez d'être traquée comme une bête ... si l'expression pouvait être appropriée.
Geste de rage : elle envoya voler son sac à quelques mètres. Elle s'agenouilla au sol et essaya de se reprendre. Le premier sujet des ANIMALPROJECTs y arriva sans trop de peine, par habitude.

Et vous ? Pourquoi vous vous cachez ici ? Qu'est-ce qu'il ont bien pu faire comme autre c...ries ?

Si Loona posait la question, c'était plus parce que quelque part cela la rassurait de savoir qu'elle n'était pas la seule à choisir la solitude. Pour vivre comme ça, la plupart des gens devaient avoir une raison.
Pourtant, elle regretta aussitôt ses paroles. Il y avait souvent une raison pourque les gens neparlent pas de ce qui les tourmentaient, aussi. Et les gens en question préféraient parfois ne pas en parler.

» Un nombre incalculable de militaires ... mais un seul nom.