Athéna, Vladislav sont demandés !

Ororéa avait laissé la colère la submerger, une fois de plus. On venait de lui rapporter qu'Athéna aurait discuté avec Orora ... sans la tuer ?!
C'était la goutte qui faisait dépasser le vase. Aussi, elle avait solennelement décidé de la faire accompagner par quelqu'un de plus raisonnable qu'elle. Et le seul qu'elle avait pu trouver dans ce cas - et dont la loyauté était a acheter - était un dénommé Vladislav.
Elle l'avait déjà rencontré et trouvait bien qu'il utilisait parfois des tournures de phrases un peu ... bizarres ... mais bon, on n'allait pas chipoter ! Tant qu'on trouvait quelqu'un pour freiner la mercenaire aux cheveux d'argents.
Elle allait aussi devoir discuter d'un point de famille avec la mercenaire. Tant qu'Artémis était dans le camp adverse ... qu'il était un "ami" tout particulier d'Orora ... et détenait en plus un secret de famille ... il était un danger au potentiel très élevé.
De là où elle était, Ororéa avait l'impression d'entendre Ori la sermonner : "Tu ne dois pas engager n'importe qui n'importe comment ! Cette mercenaire devient dangereuse ! Icomprit pour toi ! Et si elle tentait de renverser le pouvoir, hein ?"

- Ferme-la, Ori.

Répliqua-t-elle à voix haute, pour elle-même.
Enfin, le premier des deux "invités entra dans le salon, trouvant Ororéa assise à la table. Une fois n'était pas coutume, elle avait le sourire.

Vladislav entra effectivement dans la salle, mais ... il était suivi. Et pas par n'importe qui.
Par sa soeur.
Visiblement, cela surprit Ororéa. Il était vrai qu'officiellement, Vladislava était morte - ça facilitait largement certains meurtres -, et que la dernière fois qu'il avait vu Ororéa, Vladislav était seul.

En signe de respect, mais aussi par une sorte de réflexe, il se mit au garde-à-vous. Un réflexe de sa seule année passée dans l'armée. Après que Vladislava en ait été virée pour "suspicion d'instabilité mentale", il avait suivi le mouvement.

Honnêtement, Vladislav avait déjà entendu parler d'Athéna. D'après ce qu'il avait très vaguement comprit, Ororéa voulait que Vladislav surveille Athéna et la freine dans ses excès.
Bon. Ca n'allait pas être une mince affaire, selon toute probabilité. D'un autre côté, il était déjà un peu entraîné, avec Vladislava. Mais probablement Athéna serait-elle encore plus difficile à manier.
Ordre où pas ordre, il cessa sa mimique de soldat en sentant la main de sa soeur lui frapper doucement l'épaule en guise de "Arrêtes Vladislav : tu crains grave, là".
Il savait que sa soeur n'avait aucun respect pour la hiérarchie. Ce fût plus fort que lui. Il lui jeta un regard noir en fronçant les sourcils, ce qui signifiait bien "Evites de t'ammener des ennuis".
Finalement, après un grand blanc, il décida de reporter son attention sur la reine.

"Bonjour ma reine. Si votre majesté veut bien m'excuser de ne pas l'avoir prévenue plus tôt, je précise que ma soeur, Vladislava, est toujours en vie."

Vladislava avait effectivement quelques problèmes avec la hiérarchie. Pour être franche, il y avait même longtemps qu'elle aurait aimé coller une flèche dans le front d'Ororéa. Elle s'était toujours retenue, sa philosophie étant que Pas de politiciens = Pas de guerre = Pas de quoi satisfaire ses colères.
Donc, finalement, c'était mieux que cette fille ... cette Ororéa reste en vie.

Entrer dans le château avait posé quelques problèmes juridiques par rapport à la supposée mort de Vladislava. Cette dernière était une guerrière aguerrie, qui avait eu son heure de gloire ... heure de gloire qui était passée aussi vite qu'elle était venue, parce que Vladislava avait rencontré quelques problèmes avec ladite hiérarchie, justement, et qu'elle était officiellement morte peu après. A noter : on n'avait jamais retrouvé son corps.

Aussi, voir son frère se mettre au garde-à-vous et saluer comme un bénêt l'incompétence de cette même hiérarchie l'irritait à un point profond. C'était pour cette raison qu'elle avait frappé l'épaule de son frère. Doucement, bien sûr. Mais assez fort pour permettre à celui-ci de le sentir malgré l'armure qu'il portait.
Et quand il lui lança un regard noir, elle se calma pourtant. Mais uniquement par acquis de conscience. Il arrivait souvent aux deux Vlad de communiquer par signe. Pourquoi ?
Parce que pour rester discrets, c'était plus pratique. Aussi, pour signifier qu'elle avait comprit, elle effleura du bout des doigts son collier. Celui qui renfermait la dizaine d'âmes qui lui avait permit de se réveiller d'un coma profond.
Parce qu'il fallait mélanger plusieurs âmes pour ranimer un corps.
Quiconque connaîtrait deux-trois choses sur la magie noire aurait tout de suite deviné la signification dudit collier. Pourtant, peu de gens était au courant de cette même magie quasi-inexistante.

Vladislava ne salua pas Ororéa. Par pure arrogance ? Possible.

Bonjour les gens! Comment va le monde?

Tout le monde s'en doutera, il s'agissait qu'Athéna, arrivée avec grand fracas, comme à son habitude, son joli sourire trop joyeux illuminant son visage pointu.
Parfaitement au courant des intentions de sa patronne mais manifestement pas plus soucieuse que ça, Athéna se tourna vers les deux mercenaires, notant au passage les liens de parenté évidente entre eux avant de les interpeler de sa voix interrogative qui ne cachait absolument pas la note sarcastique de sa phrase.

Bon, ces vous mes nouvelles nounous? J'espère pour vous que vous courrez vite, vous allez avoir des problèmes sinon!

Elle savait évidemment que Vladislav était le garde sensé la surveiller et qu'il ne devait pas être plus motivé qu'elle pour cette mission, mais son tempérament enflammé et la colère qu'elle avait ressentit en apprenant qu'Ororéa allait lui coller un combattant aux basques l'empêchaient de déployer toute sa sympathie habituelle.
Rapidement, son regard détailla le garde qui avait salué au garde à vous la jeune femme reine d'un demi-monde, grimaçant devant sa stature manifestement idéalement taillée pour le combat en imaginant les problèmes qu'elle allait avoir quand elle allait retourner voir son frère, mais se rasséréna en songeant qu'il suffisait qu'il ne soit pas au courant.
Puis son regard argent passa à la jeune femme qui l'accompagnait. Elle avait tout de ces gens qui faisaient des ravages sans le moindre scrupules, la stature fine et souple des archères qui savent où et comment frapper pour faire des dégâts, et surtout, une raideur presque imperceptible dans son maintient, ainsi que le geste désapprobateur qu'elle avait fait quand son frère avait salué l'incitait à penser qu'elle était au moins aussi réticente qu'elle à respecter les hiérarchies. Une infime étincelle s'alluma dans son œil alors qu'elle songeait qu'elle allait sans doute bien s'entendre avec elle quand une... Onde? Un pressentiment peut être? la frappa. Soudain beaucoup plus méfiante, elle plissa les yeux et focalisa ses sens sur le collier que tenait Vladislava et révisa son jugement.
Cette fille n'était pas normale. Son collier n'était pas normal. Trop... présent en quelque sorte, trop apparent. Il se dégageait de lui une sorte de... tension froide qui la forçait à se tenir sur le qui-vive.
Elle était dangereuse. Et pas à sa manière.
Se rappelant soudain l'existence d'Ororéa et de son caractère peu conciliant, la mercenaire se retourna et adressa un grand sourire à la jeune femme fulminante.

Oui oui, je sais, le sermon habituel, trahison et tout le reste, tu peux passer l'étape, je connais déjà le discours par cœur!

Elle avait une mine parfaitement angélique. Il ne manquait plus que l'auréoles et les ailes qui font flip-flap dans le dos pour compléter le tableau.

Sur ce, je te rétorque avec vigueur que je n'ai absolument pas besoin de deux gardes, que ça ne changerais de toute manière rien - je doute qu'ils puissent escalader plus d'un mur, je vais plutôt les semer en moins quelques kilomètres - et je reverrais mon frère quand je voudrais. Ça n'est pas parce que tu as eut des problèmes familiaux que tu dois compliquer celle des autres! Je peux retourner à ma mission maintenant?

Toute une tirade dévidée d'un ton joyeux, presque rieur malgré l'acidité des propos, typique d'Athéna. La jeune femme se retourna vers les deux autres qui attendaient derrière. Vladislav avait l'air d'hésiter entre l'outrage et l'effarement mais sa sœur semblait amusée.

Ororéa reprit sa moue mécontentement voyant Athéna rentrer, de manière toujours aussi protocolaire.
En fait, il y avait un monde entre le comportement d’Athéna et celui de Vladislav. C’était justement ce qui avait déterminé le choix de la reine aux yeux d’argent. Elle pensait qu’ainsi, l’un pourrait mieux freiner l’autre. Mais à ce moment-là, Vladislava ne faisait pas partie du plan.
Maintenant, elle avait un doute. Un doute qui s’estompa aussitôt ; si Vladislava posait problème, on lui enverrait une bonne dizaine des soldats les moins délicats pour lui demander de se tenir à carreau. En utilisant toujours la même méthode bien sûr ;
D’abord elle essaierait de créer chez la jeune femme un traumatisme qui la terroriserait à vie, et l’affaiblirait tellement moralement qu’elle s’en trouverait incapable d’avoir suffisamment confiance en elle-même pour tenter quoi que ce soit.
Ensuite, si ça ne fonctionnait pas, la reine d’Enroréa ordonnerait à ses soldats de tuer l’archère.
Ainsi, le problème serait réglé, même si c’était un genre de méthode qui déplaisait un peu à Ororéa. Cette dernière reporta son attention sur Athéna, qui venait de lui dire qu’elle avait apparemment comprit tout ce que voulais lui signaler Ororéa.
Manque de chance, la jeune reine avait parfaitement l’intention de dire ce qu’elle pensait. Et si ça continuait, Ororéa serait forcée d'utiliserla même méthode sur Athéna que celle qu'elle pensait utiliser ur Vladislava.

- Non Athéna, vous ne pouvez pas retourner à votre mission tout de suite. D'abord parce que je tiens à remettre quelques petites choses au clair, et ensuite parce que j'aimerais vous confier une ... non, deux autres missions de plus grande envergure ... et aussi plus urgentes.

Elle désigna les autres chaises présentes à la table :

- Asseyez-vous. Tous.

Hésiter entre l’outrage et l’effarement … disons plutôt que quand Vladislav avait cet air-là, c’est qu’il essayait de mesurer l’ampleur de la tâche qu’on allait lui donner.
Mais franchement, il était plus qu’habitué aux divers outrages, même si effectivement, il était à la limite de l’effarement. Pourquoi ? Parce qu’après avoir « mesuré l’ampleur de sa tâche », il se rendait compte que oui. Oui, ce serait nettement,mais alors nettement, plus compliqué qu’avec Vladislava.

Un instant, il pensa à utiliser sa sœur pour mettre un peu en confiance Athéna. Gros manque de chance fataliste ; Athéna semblait se méfier de Vladislava. Probablement à cause du collier. Peut-être possédait-elle quelques connaissances en ce qui concernait les sciences dites fictives, ou dépassées ? Il allait peut-être falloir qu’il lui demande.

Après une très maigre hésitation, il se décida à déclarer :

"Nous ne sommes pas des « nounous ». Nous nous soumettons à des ordres. Quand on nous paie pour faire quelque chose, nous faisons ce quelque chose. Et nous ne sommes pas des gardes non plus. Nous avons certes été soldats, mais jamais gardes. Et rassurez-vous, je peux également escalader plus d’un mur."

Puis il ajouta avec un sourire un peu sarcastique :

"Et je ne suis pas si facile que cela à semer, détrompez-vous."

Et voilà. Encore les tournures de phrases un peu bizarroïdes.

Il jeta un œil en coin à sa sœur. Elle esquissait un sourire amusé. Et Vladislav ne chercha pas à comprendre : il savait que Vladislava réfléchissait vite, et qu’en conséquence, elle trouvait une réaction assez vite. Ce qui grosso-modo signifiait qu’il ignorait quelle(s) pensée(s) avaient pu lui traverser le crâne pour qu’elle sourie ainsi. D’un autre côté, elle avait en répertoire une quinzaines de sourires. Alors même si elle paraissait amusée, elle ne l’était peut-être pas. Allez comprendre !

Lui, en revanche, n’était pas amusé du tout. Comment pouvait-on manquer de respect ainsi à Ororéa, une personne du si haut rang que celui qu'était le rang de reine ?

Pourtant, Ororéa ne se démonta pas et leur ordonna de venir s’asseoir. Il s’exécuta. En revanche, sa sœur resta sur place. Etait-elle hésitante ? Non. Même pas. Il lui lança de nouveau le regard qui signifiait « Evites de t’amener des ennuis ».
Il protégeait toujours avec toujours plus d’attention … il surveillait avec toujours plus de détermination.

Son monde était un monde de plus en plus dangereux, de moins en moins contrôlable …

Vladislava laissa son frère déballer sa première tirade puis haussa les épaules avoir l’air de celle qui s’en foutait complètement. Sans rendre à Athéna son ton sarcastique, l’archère lui fit remarquer en désignant Vladislav du pouce :

"Il parle surtout pour lui, là. En fait c'est lui, la nounou. Et je te préviens qu'il est parfait dans ce rôle."

Mais en voyant le qu’Athéna plissait les yeux, le regard focalisé sur le collier, elle se dit tout de suite :

*Elle l’a sentit*

Athéna avait peut-être sentit, par une sorte d’instinct, que Vladislava était ce qu’on appelait communément une « âme enchevêtrée ». Certaines personnes arrivaient à le savoir directement, comme alertés par un sixième sens. Et cela avait toujours profondément énervée Vladislava, car alors elle se faisait parfois appeler « blasphème », « voleuse d’âmes », « abomination » … et son frère aussi en faisait parfois les frais. Comme en réponse à cette constatation, Vladislava sentit une vague de frissons la parcourir, pour disparaître quasiment aussitôt.

Athéna irait revoir son frère quand elle le voudrait … tiens, tiens … si Vladislava comprenait bien, un frère et une sœur n’étaient pas restés dans le même camp ? Qu’est-ce qui avait pu pousser l’un et l’autre à faire ce choix absurde ? D’un autre côté, il lui suffisait de regarder les Klaykten, et elle se disait que la relation frère-soeur, frère-frère où soeur-soeur n'était pas toujours évidente.

L’archère fronça presque imperceptiblement les sourcils. Elle savait pertinemment bien - par expérience personnelle - que Vladislav n’était pas si facile à semer que ça, et qu’il était encore moins simple de le décourager. Bien. Et comme Vladislava avait toujours eu du mal à tolérer que deux frères-soeur soient séparés, elle avait dans l’idée qu’elle n’allait pas marcher dans les traces de Vladislav, cette fois-ci.
A cette pensée, elle laissa filtrer un sourire amusé.

Tous ces songes avaient défilés dans sa tête à vitesse grand V, en moins d'un millième de seconde. Comme d’habitude. Vladislava, peut-être du fait qu’elle soit une âme enchevêtrée, constatait vite, tout comme elle pensait vite, tout comme elle agissait vite.
Quand son frère alla s’asseoir, elle, elle refusa d’obéir comme un vulgaire clébard. Mais quand le guerrier lui lança son regard de prévention, l'archère soupira et marcha vivement jusqu’à Vladislav. Vladislava se posta derrière la chaise de ce dernier, les deux mains appuyées sur le dossier, pour ne pas avoir à obéir totalement non plus.

Son monde allait toujours plus vite, toujours plus fort …

» Vladislava & Vladislav, soeur et frères si proches mais si différents ...
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