Un appel très peu attendu ...

Quand l'un des domestique était entré en courant dans la chambre d'Orora, cette dernière n'était qu'à moitié réveillé.
Mais dès qu'elle apprit la raison de cette visite très matinale, le sommeil glissa immédiatemment de son visage.
Comment osait-elle ?

"Vous êtes sûr de ce que vous affirmez ?"

Pour toute réponse, le domestique hocha la tête et s'eclipsa. Orora avait d'ans l'idée que c'était essentiellement car l'expression qu'elle venait d'aborder n'était pas un présage de bonne humeur.

Et cette impression de mauvaise humeur ne fut que renforcée quand elle s'assit dans la salle de communication audiovisuelle, jambes croisé, sourcils froncés. Elle lança à un homme, posté à coté de l'écran géant :

"Autorisez la communication."

L'écran s'allumait tandis qu'Orora murmurait pour elle-même :

"Elle a intérêt à avoir quelque chose d'important à me dire. Si c'est pour faire la causette, elle va vite de faire renvoyer dans ses vingt-deux mètres."

Une image apparu sur l'écran. Deux personnes en communication audiovisuelle. L'une portait un air de parfait mépris, tandis que la deuxième se faisait glaciale.
Le sourire narquois d'Ororéa, même sur un écran, n'invitait pas à la conversation.

- Je m'aperçois que je t'ai réveillée, petite soeur. Tu semble toujours aussi endormie quand tu viens de te réveiller. Mais je suppose que tu sais que je ne suis pas venue devant cet écran pour te faire la conversation.

L'ai froid de sa soeur était devenue une habitude. Il n'avait pls rien d'impressionnant. Orora ouvrit la bouche pour répliquer mais Ororéa lui coupa sa réplique sous le pied, en poursuivant :

- Tu le sais, j'ai des informateurs, des espions et des combattants très doués, dans ton camp. Alors comme je n'ai pas tes talents quand il s'agit de tourner autour du pot, je vais y aller tout de go : l'un d'eux a assisté à une conversation très intéressante sur la plage.

Sourire faussement attendri.

- D'après ce que l'on a pu me raconter, ce serait la conversation autant que les gestes qui pourraient être intéressent. Je croyais t'avoir enseigné qu'il valait mieux que l'histoire reste entre les mains de la famille Klaykten. Me trompe-je ? A ta place, je réparerais mon erreur tout de suite.

Quand Ororéa avait ses yeux là, il n'y avait pas à douter. Ce qu'elle entendait par "réparer l'erreur" était plutôt supprimer l'erreur. Et l'erreur en question se trouvait être Artémis ... même si la reine aux yeux d'argent se doutait que sa soeur, dans son éternelle fierté, ne coopérerait pas.

Orora avait écouté le monologue de son ennemie du début à la fin, tantant parfois de prendre la parole sans y parvenir.
Elle secoua la tête en une expression faussement désolée, pour déclarer avec un froid polaire :

"En tout cas l'un de tes informateur n'est pas très doué. Lewis vient de se faire prendre. Il me reste juste à trouver le moment propice. Je vais le licencier très prochainement."

Ah, on la jouait sur le monologue ? Bien. Ca, Orora aussi savait faire. A l'instar de son aînée, elle ne lui laissa pas le temps de répondre, reprenant directement :

"Tes informateurs s'intéressent donc à ma vie privée. Ils le peuvent s'ils le veulent. Je n'irais pas à l'encontre de leur droits. En revanche, je ne gênerais pas pour aller à l'encontre des tiens."

Elle se leva et s'avança vers l'écran. Toujours des phrases courtes et simples, quand elle contenait sa colère.

"Et il n'a rien à voir là-dedans. Je lui ais dit cela alors qu'il ne m'avait rien demandé."

Orora préférait employer le il plutôt que le nom d'Artémis. Sans aucun doute Ororéa savait-elle quelle était l'identité du "il" en question. Mais pour le moment, le domestique chargé de la communication n'en savait strictement rien.
Et si jamais le domestique en question en savait quelque chose, ça ne tarderait pas à filtrer à l'extérieur. Et dans tout Enrora, il y avait plus d'un traître qui serait prêt à tout pour éxécuter les ordres d'Ororéa ... prêt à tout pour se débarasser d'Artémis le plus discrètement possible.
Et bien que cela soit quasiment l'équivalent de mission impossible, Orora avait un tempérament assez protecteur, dans la mesure du possible, envers ceux qu'elle appréciait. Sans doute cela venait-il du fait que suel que soit l'impression qu'elle ait pu avoir au début, jamais personne n'avait tenté quoi que ce soit pour la protéger ... si l'on excluait Artémis, justement. C'était ce comportement qui manquait à Ororéa. Qui lui avait toujours manqué.

"Quand à supprimer la faute - parce que j'imagine bien que c'est ce que tu entendais par là - ce n'est pas lui. C'est moi. Et même si ce n'était pas le cas, jamais tu ne me convaincrais. Et ça tu le sais parfaitement."

Il y avait une lueur de défit, mélangé à de la détermination dans la voix d'Orora.

Le mépris était maintenant clairement visible sur le visage d'Ororéa. Pauvre petite soeur ! Elle se faisait rouler dans la farine une fois de plus.
Mais mieux valait trop que pas asez, après tout.
Surtout dans le contexte qu'était Aaroseï, où tout était permit.

- Tu seras toujours aussi naïve, Orora. Mais si je peux te donner un conseil, ce serait de ne pas trop faire confiance à cet Artémis.

Elle vit le domestique, dans le fond de la salle, se retourner. Apparemment, la rumeur devait déjà courir.

- Oh, et ... il se trouve qu'il est déjà sur la Liste Des Victimes Prochaines depuis un bout de temps. Ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Alors ravale ta fierté et retournes te coucher. Transmets-lui également mes compliments : il en fallait beaucoup pour en arriver à gagner ta totale confiance. Et dis-lui aussi qu'il vaut mieux que ses appartements, au palais, soient fermés à quadruple tours.

Elle fit un signe à quelqu'un qui se situait hors du champ de vision et l'écran redevint d'un blanc laiteux.
Au moins avait-elle eu la gentillesse de prévenir avant d'essayer de frapper un grand coup.

Il serait faux de dire qu'Artémis entendait tout. Mais le système de sécurité était fait pour empêcher les intrusions, et l'adresse IP d'Ororéa qui tentait d'établir une connexion avait fait résonner dans son crâne un bruit qu'on pourrait comparer au décollage d'un airbus
A condition qu'on ait très précisément l'oreille sur le moteur...
Il se dressa comme un ressort sur son lit et fit taire la sonnerie, sentant pointer un mal de tête persistant
D'accord, penser à diminuer le volume des alarmes...
Puis, son cerveau embrumé de sommeil analysa ce qui venait de se passer et aussitôt, il bondit vers son propre ordinateur qui se connecta sans plus attendre sur les caméras de la salle de communication audiovisuelle
Ce qu'il vit le laissa bouche bée
D'accord, il savait qu'Orora et Ororéa se détestait, mais la haine qui circulait entre ces deux là était palpable, même à travers l'objectif froids d'une caméra...
Par contre, quand il vit le petit serviteur foncer à toute allure en dehors de la salle, il soupira et tripota quelques boutons virtuels sur l'hologramme tactile qui lui servait d'écran
Une sorte de pince géante attrapa alors le malheureux et l'enferma dans le plafond insonorisé
Il irait le libérer plus tard...
D'un bond, il franchit sa porte, flanquant la plus grosse peur de sa vie au garde qui essayait de le suivre et rejoignit la salle de communication alors qu'Orora en sortait, clairement rageuse

J'ai tout entendu, le système m'a prévenu de son intrusion mais le gars qui a essayé de répandre la rumeur est... au plafond, on va dire...

Le garde ne s'intéressait manifestement pas à leur conversation, il essayait plutôt de déboucher la mini fiole d'alcool dissimulée dans sa manche sans se faire remarquer. Artémis le renvoya d'un geste

quand j'ai entendu sa menace, j'ai activé le système d'alerte. Mais les gardes ne sont pas au courant, tu devrais virer Lewis le plus tôt possible sinon il va essayer de les paniquer...

Il était bien conscient des oreilles des domestiques aux aguets aussi n'en dit-il pas plus, ni sur les moyens qu'il avait utilisé pour écouter la conversation ni sur la mystérieuse interlocutrice, il y avait déjà bien assez de rumeur comme ça...

Bien reprenons : D'abord, elle devait supporter l'intrusion de sa soeur très tôt dans la matinée, six heures du matin n'étant normalement pas une heure où l'on s'amusait à appeler les gens. Ensuite, elle coupait la communication sur une menace. Finalement, Orora avait eu autant de mal à garder une attitude à peu près correcte que Garguantua aurait eu du mal à éviter une fourmi.
Bien sûr qu'elle avait de quoi être en colère !

Résultat : d'ordinaire, la première personne qu'elle croiserait en sortant de la salle se serait fait renvoyer dans ses vingt-deux mètres. Mais la personne en question étant Artémis, ont pouvait quand même affirmer qu'Orora semblait relativement calme.

"Bonjour Artémis ..."

Elle lança un regard de travers au garde qui visiblement, ne cherchait pas franchement à accomplir son vrai rôle. Néanmoins décida-t-elle de s'en désintéresser : un de plus où un de moins, de toute façon ... le seul en trop était Lewis. Quand Artémis le renvoya, ce fut tout de même avec un certains agaçement qu'Orora pensa qu'il allait forcément aller se saoûler ailleurs.

"... pour le sujet Lewis, je suis absolument d'accord. Je saisirais la première éventualité qui se présentera. Mais je ne peux pas le licencier sans raison qui semble un tant soit peu valable."

D'abord parce que si elle procédait de cette manière, Grejorio ferait des siennes. Ensuite parce que s'il n'était plus là sans raison valable, on allait se poser des questions ... et ce n'était pas franchement ce à quoi elle tenait.

"Je ne vois pas franchement ce que tu veux dire par "au plafond", par contre."

Toutefois, elle parue légèrement embarrassé quand elle ajouta :

"Désolée ... je crois que je vais te créer plus de problèmes que tu n'en a déjà."

Bon. Bien sûr, elle créait des problèmes à tous le monde. Où du moins, à la plupart des gens. En ce moment, elle en créait surtout à Lewis, dans le très mince espoir de le pousser à démissioner. Elle avait enchaîné bourdes sur bourdes, faisant tout retomber sur Grejorio.

Cette fois, Artémis eut un sourire moqueur, amusé par la dernière phrase

Je ne suis pas si facile à éliminer quand même! Le palais n'est pas sans défense, et depuis que j'ai activé mon système d'alerte, une mouche ne pourra pas passer sans être repérée, je suis plus inquiet sur le coup bas qu'elle te prépare...

Il voyait bien qu'elle était très énervée mais qu'elle se contenait, il devenait urgent de désamorcer la bombe de sa colère...
Pauvres gardes, ils allaient souffrir...
Il secoua la tête, chassant l'image d'une Orora furax qui passait ses nerfs sur des soldats ivres, et l'invita d'un geste à entrer dans le poste de contrôle dénué de caméra et de micros où ils pourraient parler tranquilles

Pour le domestique qui a entendu les mots d'Ororéa, j'ai utilisé un des systèmes spéciaux qui parcourent le couloir pour l'immobiliser.

Il lui désigna un écran en suspension dans l'air où, sur un mot, apparut la scène assez amusante.
Puis la caméra de surveillance afficha le plafond où le prisonnier, endormis par une seringue de somnifère, ronflait de bon cœur

Après reste à savoir ce qu'on va en faire, un effacement de mémoire est envisageable mais tu sais que ça ne risque pas d'être secret...

Pas besoin de préciser. Ororéa n'allait pas rater une occasion pareille de tenter de faire du mal à sa frangine!
Mais Artémis n'avait pas la moindre intention d'être utilisé comme un pion dans un jeu d'échec. Il gardait quelques surprises de taille à son adversaire, des surprises aussi meurtrières incompréhensibles
Sans compter que l'assassin la plus redoutée était Athéna et personne ne soupçonnait qu'elle était sa sœur, si assassinat il devrait y avoir, ce serait sans doute elle qui en serait chargé...
Non, il n'avait vraiment pas de soucis à se faire...

Tu n'as pas à me protéger. Je suis assez grand pour me défendre seul... Et de plus, il faudrait que les assassins réussissent à rentrer, chose extrémement difficile en temps normal et impossible maintenant.

L'image sur l'écran changea pour montrer le palais. Il était entouré d'un immense dôme bleu électrique, des caméras balayaient l'extérieur de leur regard perçant et une ouverture sur le toit laissait échapper une petite dizaine d'étranges oiseaux de deux mètres d'envergure et manifestement pas naturels. Les murs luisaient sous cet éclairage étonnant et quelques gardes saouls observaient avec un sourire béat le ciel noir de la nuit remplacé par cette barrière de lumière. D'autres, beaucoup plus rares, en déduisirent que quelque chose venait de se passer et partirent, fusil en main, faire le tour des bâtiments au galop.
L'ombre de l'un des étranges oiseaux passa devant la fenêtre, cachant la lumière scintillante de la barrière l'espace d'une seconde.

Ororéa va essayer de te faire un coup bas, probablement par l'intermédiaire de Lewis. Mais il ne pourra pas rentrer tant que le système d'alerte ne sera pas débranché et nous sommes deux à pouvoir le faire, toi si tu veux sortir te balader et moi si l'alerte est passée.

Ce système d'alerte était sa fierté, il y avait travaillé pendant très très très longtemps mais ne le regrettait pas.
Il était composé du plus grand bouclier électrique du monde qui s'enfonçait à plus de 100 mètres sous terre. L'éventuel intrus ne pouvait cependant pas espérer passer dans une combinaison en plastique ou tout autre matériaux non conducteur car les petite billes d'acier volantes qui servaient à maintenir la barrière tournaient si vite qu'elles servaient autant de relais que de balles volantes. Les caméras servaient d'yeux pour le poste de contrôle, il n'y avait pas un angle mort et chacune des caméras était protégée contre tout projectile. Les étranges oiseaux, eux, servaient autant de sentinelles que de pièges. De loin on pouvait les prendre pour des aigles mais leurs plumes étaient constitués de métaux diverses, leurs yeux étaient équipés d'une vision infra-rouge qui se superposait à la vision normale et chaque partie de leurs corps contenait une surprise déplaisante pour la cible. Bien sur, un pirateur de très haut niveau aurait été capable de les contrôler mais, prudent, Artémis avait intégré une fonction d'auto-destruction et un virus très méchant qui s'activeraient si un pirateur réussissait à prendre le contrôle.
Selon lui, c'était la défense parfaite...
Alors dès maintenant, les assassins avaient autant de chance de rentrer qu'un éléphant d'apprendre à voler.

Le coup bas qu'Ororéa pouvait bien lui préparer ... le nombre de coups bas en question avait déjà été incalculable.
La reine d' Enroréa avait parfois été comparé à un serpent. Et pour Orora ç'avait toujours été plus une réalité qu'autre chose. Ororéa avait l'impressionnante capacité de frapper là où il le fallait, et au moment qui paraissait le moins probable. La plupart du temps, sa cadette lui avait même rendu la pareille. Mais toujours avec moins d’efficacité. A croire que tout était fait pour empêcher une possible tentative d’assassinat contre Ororéa.
Elle se souvenait d’une fois où le palais d'Enroréa aurait pu sauter. Manque de chance, la poudre avait été trempée par une averse. Et il y avait une bonne quantité d’anecdotes de ce goût-là.
Quand ce n'était pas le hasard, c’était les Enroréains qui empêchaient tout cela de se dérouler correctement, et vis-versa.
Orora savait bien qu'Artémis ne serait pas facile à éliminer. Et malgré cela ... c'était plus fort qu’elle.
Elle suivit Artémis dans le poste de contrôle. Un domestique ronflant au plafond. Amusant. Mais pas assez pour faire oublier cette stupide Ororéa.

Et selon les dires du technicien ça ne risquait pas d’être secret. Ca aussi, Orora le savait. Elle secoua la tête, une expression impénétrable sur le visage. Un appel de sa sœur était assez mauvais signe comme ça. De toute évidence, l'aînée des Klayktens était cette fois sûre d'elle. Un peu trop sûre d'elle au goût de la cadette de la famille.
Il fallait dire qu'elle avait donné une raison encore meilleure de "frapper un grand coup", la veille.
Parce que ce qu'Ororéa craignait s’était produit : Orora avait cessé de se murer dans le silence.

"Bilan, donc ... Un : Un effacement de mémoire, bien qu'envisageable, serait inutile. Deux : Je n'ai pas besoin de te protéger, mais il se trouve que je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour toi. Trois : Lewis est toujours dans la place, et si tout se passe comme tu l'envisages, il y a fort à parier que c'est lui qu'il faut l'éliminer du jeu, d'une manière ou d'une autre. Quatre : nous pouvons aussi faire comme s'il ne s'était rien passé, parce que si j'en crois tes dires il n'y a aucun risque."

Pourtant, si on considérait Lewis comme un risque en lui-même, autant dire que faire comme s'il n’existait pas revenait à jouer une souris dormant devant les yeux d’un chat.
Orora le savait également : elle avait un excellent technicien à ses côtés, mais elle savait aussi qu'Ororéa avait d’excellents pirates, des "rats de clavier" incomparables.
A se demander lequel des deux aurait le fin mot.
A se demander aussi ce qu'il fallait réellement faire.

Finalement, elle ferait mieux d'arrêter de penser. Et d'aller se calmer d'elle-même.

"Alors autant ne rien faire. Laisses-le partir si tu veux, ma soeur m'a fait levé trop tôt."

Sous-entendus, elle allait retourner dans sa chambre. Mais pas pour dormir, plutôt pour réfléchir.

» Atalante, un TRES SIMPATHIQUE mercenaire sadique.